Bar des Menus

Hier midi j'ai visité à Boulogne un endroit où Lino Ventura jouait aux cartes...
Malheureusement ce bar n'existe plus, aujourd'hui un immeuble neuf est à sa place...
Ce bar était situé pas loin de chez sa mère qui habité rue Gambetta...
Pour trouver c'est simple: Au bout de la rue Mahias,à l'angle de la rue de l'Abreuvoir et la rue des Menus...


Voici un extrait du Livre sur Lino Ventura de Gilles Durieux sur cet endroit:

Nous avons pénétré dans le bar des Menus.
Sur le mur central, la photographie de Lino assis à une table et tapant le carton:Jacques Deray nous présente le patron :
-Voici monsieur Etienne Astier.
Le colosse à lunettes, trés accueillant, nous fait entrer, à l'écart, dans un modeste débarras-cuisine.
-Toutes nos réunions,dit-il, se tenaient ici.J'ai connu Lino Ventura dans les années 1970.C'est Hilaire,un chauffeur de production qui conduisait souvent Ventura,qui me l'a présenté.A lépoque je tenais un autre café,rue de La Rochefoucault, pas trés loin de chez la maman de Lino,qui habitait rue Gambetta...
Au bois, on jouait tous à la pétanque.On a d'abord organisé des réunions de boulistes.Quand j'ai acheté ce bar où nous sommes, on s'est mis à jouer au tarot et au rami.C'était simpls ; Lino me téléphonait :
"Je peux venir? Il y a une partie de prévue?"
On jouait avec des copains du secteur,Hilaire, deux représentants dont l'un vendait des produits italiens et parlait avec Lino dans sa langue natale,un certain Didou, qui travaille au ministére des Transports et un chauffeur de taxi parisien.
J'intérroge :
-Vous jouiez de l'argent? Lino était-il un bon joueur?
-On jouait un petit peu d'argent,me répond Etienne Astier, il faut bien intéresser la partie...Lino n'était pas un mauvais joueur, disons que c'était surtout un gagneur.Au rami,qu'il n'avait pas beaucoup pratiqué,c'était un joueur moyen,mais en progression réguliére.Il se fachait parfois quand un joueur commettait une faute.
-Comment l'appelliez-vous, dans le groupe?
-On l'appellait Lino.Il était comme chez lui.On jouait tout l'aprés-midi du samedi.Quand il avit besoin de cigarettes, il passait derriere le comptoir t se servait.Parfois il se versait aussi un demi.On sentait qu'il se plaisait, là, au milieu de nous.Il venait dans la semaine,meme simplement pour boire un coup.On a jamais parlé cinéma avec lui.Quand il devait tourner un film, il nous prévenait, laconique:
"Je vais partir quelque temps" C'est tout.



La suite demain...

Le bar n'existe plus, HELAS,,,,,,,, les profiteurs immobiliers........
"Voici un extrait du Livre sur Lino Ventura de Gilles Durieux sur cet endroit:"
Pourrais tu nous donner l'editeur de ce livre? merci d'avance.

Editions Flammarion

Vous pouvez vous le procurer sur ce lien:
Clic ici
Pour moi c'est le meilleur livre sur Lino Ventura avec celui de sa femme...

Je t'ai redimensionné la tof, éric.
tu l'as le lien pour les photos, pourtant

Merci Capi !!!

Voici la suite....
-Que faisiez-vous,monsieur Astier,avant d'etre patron de bar?
-J'étais militaire,dans la Légion.Didou avait vendu la méche à Lino.Alors celui-ci s'en donnait à coeur joie.Au cours des parties, dés qu'il avait envie de m'accrocher, Lino s'écriait: "N'oublions pas qu'Etienne était dans la Légion.Oui il était au feu...enfin...au feu des cuisines! Alors , maintenant, il faudrait qu'il la mette un peu en veilleuse!"
-Lino, précise Jacques Deray, n'a jamais manqué d'humour.Il adorait mettre en boite ses amis.
-Monsieur Astier, n'etesè-vous jamais allé le voir sur un tournage?
-Non, je n'ai jamais osé lui demander cette autorisation...Déja qu'un jour, sans prévenir, ma femme a fait une photo de Lino et de notre groupe à la table du tarot ! J'ai été contrarié.Lino a fait la grimace,sans dire un mot...Il faut pas mélanger les choses?
-Avez-vous connu sa maman,Luisa,rue Gambetta?
-Non.Mais en 1982, comme il devait s'absenter de Paris,il m'avait demandé de dénicher une infirmiere capable de s'occuper de sa maman,vieille et trés fatiguée.C'est une responsabilité que je n'ai pas voulu assumer."Lino, lui ai-je dit,je préfère que tu trouves une infirmière toi-meme,car s'il arrivait par malheur quelque chose à ta maman, tu pourrais me le reprocher."
-Lino,dis-je, avait-il de bons rapports avec votre clientéle?
-Il ne parlait pas vraiment aux gens, me répond M. Astier,en dehors de notre groupe.Mais il y avait parfois des "petits jeunes" qui se glissaient dans la piece, ils tournaient autour de la table de jeu.Ma réaction était de les chasser pour qu'on soit tranquilles à jouer entyre nous.Lino, lui, était adorable avec eux : " Allons,Etrienne, ne fais pas le méchant, laisse tomber,ils sont sympa ! "
-Vous n'avez jamais fait la cuisine avec lui?
-La chose devait se faire, me répond le patron du "bar des Menus", mais le bistrot, vous savez, c'est une vraie prison.On est ouvert tous les jours.Dommage ! Lino m'invitait parfois chez lui mais je ne pouvais me libérer.Alors, il a pris l'habitude de venir jouer le samedi, pendant dix ans et plus...
-Quant je pense, intervient Jacques Deray, que je me suis souvent cassé le nez en venant acheter ici mes cigarettes.Et vous étiez tous réunis en train de jouer aux cartes, le rideau baissé ! ".
-Monsieur Astier, quand avez-vous vu Lino pour la derniere fois?
-Il m'a téléphoné la veille de sa mort.Je lui avais demandé un service.On n'avait pas trouvé de place,dans les maisons spécialisées, trop surchargés, pour un des mes cousins handicapé.Lino m'a dit joyeusement au téléphone : "Ca y est ! Pour ton cousin, Quand j'ai tout arrangé! ".
Quand j'ai appris la mort de Lino, j'ai été trés choqué, je ne voulais pas y croire.Sa disparition a été trés pénible pour tout notre groupe.Nous nous sommes cotisés, ont a du envoyer cinq cent mille francs anciens à Perce-Neige.Nous sommes allées sur sa tombe, bien sur.J'ai fait alors agrandir le cliché pris par ma femme, il est là,sur ce mur.Comme cela Lino jouera toujours au tarot avec nous.Un jour, je lui avais offert une bonne bouteille de cognac.Il l'avait laissée là,sur l'étagère, derriere le bar.De temps en temps, il me disait : "Etienne ,sors moi ma bouteille de cognac! "Depuis qu'il est parti,j'ai rebouché sa bouteille.A tout jamais.Personne n'y touchera.

Une amitié forte comme celle ci, n'as pas besoin de mot. Un geste, un regard suffit à se comprendre et à se respecter.
L'esprit "Lino" est bien décrit dans ce dialogue.
merci éric