Pour les Tontons flingueurs, Gaumont n'y croyait pas. Ils nous prenaient pour une bande de petits cons ». Oui mais voilà, le problème avec les cons c'est que ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît ! Quarante-cinq ans après, le film, ses répliques, ses acteurs sont inscrits au panthéon du cinéma français. Georges Lautner, réalisateur de ce chef-d'oeuvre, ne s'explique pas cette réussite. « Je ne comprends toujours pas. Les Tontons traversent le temps. Les raisons de ce succès ? Sûrement Jésus qui devait être parmi les producteurs ». Avec humour, malice et humilité, celui qui a réalisé 43 films, revient sur sa carrière.
Le cinéma populaire à l'honneur
À la salle Juliette-Greco, de Carros, Cinéactions et la municipalité lui rendent hommage. Au programme, une rencontre avec le public et la projection de « Laisse aller... c'est une valse ». « Avec Bertrand Blier, on était parti pour un film sérieux. Puis on a eu envie de déconner, vraiment ! » Résultat : un long-métrage hilarant ou se croisent Jean Yanne, Mireille Darc, Blier et quelques petits nouveaux... Première scène pour Coluche, mais aussi Daniel Prévost qui campe un méchant. « À l'époque, il n'y avait pas de directeur de casting. On partait dénicher les acteurs dans les cabarets. Sur la même scène, on a croisé Coluche, Depardieu, Miou-Miou...», raconte, avec passion, Georges Lautner. Maître du cinéma populaire, il ne trouve, cependant, pas grâce aux yeux de la critique. Ses films se font parfois descendre. Les Tontons n'échappent pas à la règle. Soit ! Mais, la bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer.
Ses pairs ne le consacrent pas plus. Il n'a jamais reçu de César. « Et puis je n'en veux pas ! », prévient-il.
Dans les bras de Tarentino
Après tout, le prix s'oublie, la qualité reste. Ce que doit se dire, aussi, Dany Boon, boudé lors de la dernière « fête du cinéma français ». Georges Lautner rend d'ailleurs hommage aux Cht'is : « Avec Bienvenue chez les Cht'is, il donne un nouvel élan au film populaire. Il a ramené les gens en salle et fait exploser les ventes de DVD. Il a compris que le public voulait se distraire ».
L'influence des oeuvres de Lautner traverse même l'Atlantique. « J'ai tenté l'aventure à Hollywood, avec La Route de Salina, en 1970 ». Le film reste méconnu en France mais connaît un petit succès aux USA. Quentin Tarantino y fait même référence dans Kill Bill 2. La musique utilisée lors d'un plan sur le désert est celle qui trente ans plus tôt accompagnait Rita Hayworth devant la caméra de Lautner. « Tarantino m'a invité au Festival de Cannes. On a fini dans les bras l'un de l'autre », expose-t-il, avant de continuer : « Il m'a dit : ton film est sorti l'année de ma naissance. ça m'a donné un coup de vieux quand même ! », lance Georges Lautner du haut de ses 83 balais.
Seul regret de sa carrière, ne pas avoir tourné avec Depardieu. « Si je devais faire un nouveau film, je le prendrais, enfin ! », explique celui qui a travaillé avec Belmondo, Ventura, Gabin, Delon...
L'Inconnu dans la maison, en 1992, reste sa dernière réalisation. « Je laisse la place aux jeunes, même si parfois ça me démange », explique-t-il. Cependant, il garde un pied dans le septième Art. Il veille sur un nouveau cinéaste, avec qui il a un projet. Toujours dans cet esprit populaire qui a fait sa renommée.