Eric Admin
Nombre de messages : 7148 Age : 53 Localisation : Mars et ça repart... Date d'inscription : 23/01/2006
| Sujet: Clelia Ventura: «J'ai enfin accepté sa mort...» Sam 24 Sep - 11:11 | |
| La fille de Lino Ventura raconte son père dans un ouvrage qui mêle souvenirs... et recettes de cuisine BRUXELLES On s'attendait à rencontrer une petite grosse. On découvre une grande mince. Clélia est jeune femme à la silhouette toute fine. Rien à voir avec la ligne de son papa qui affichait un désormais célèbre petit bidon. Et pourtant c'est bien la grosse que Lino Ventura surnommait sa fille. «Papa me surnommait comme ça parce que je pesais 4 kilos 9 à la naissance.» Mais pourtant la jeune femme est toute mince («Ben quand on fait la cuisine, on a plus faim, alors du coup, on prend pas beaucoup de poids.») et on a du mal à comprendre qu'un tel surnom lui ait été attribué et qu'il l'ait suivie durant tant d'années. «C'est vrai que mon père aurait préféré que je sois plus ronde, son style c'était les femmes de Rubens...» Tout dans la vie de Lino Ventura se rapporte à l'Italie, de sa façon d'éduquer ses filles («Mon père nous a donné une éducation moyenâgeuse») à sa manière de préparer la pasta... Et pour nous aider à découvrir l'homme qui se cachait derrière les personnages de gangsters au cinéma, sa fille, Clelia nous livre quelques souvenirs mais elle partage aussi avec nous quelques recettes de cuisine. Une manière particulière de concevoir un bouquin. «J'ai toujours été le vilain petit canard de la famille, j'ai toujours tout fait de manière particulière, alors il n'y a pas vraiment de raison que ça change. Mais en fait de son vivant, on avait déjà envisagé de faire ensemble un livre de recettes. On s'est donc installé un jour autour d'une table et il me les a toutes données. Il terminait chacune d'entre elles par: Le plus important c'est le poivre de Cayenne et la touche d'huile d'olive. C'est ça le secret... Mais il est parti trop tôt, et j'ai décidé aujourd'hui de publier ses recettes. J'ai aussi eu envie d'y ajouter quelques souvenirs, mais le fil rouge est clairement la cuisine. C'était notre territoire, c'est là que j'avais mon père pour moi toute seule.» La plupart des recettes reprises dans le livre ont été inventées par Lino Ventura. La préférée de Clélia? «La pasta i fagioli! Mais je ne l'ai plus jamais préparée. Trop de souvenirs y sont associés. Je lance donc un appel...» Clelia, qui a mis seize ans à accepter la disparition de son père («C'est seulement aujourd'hui que j'accepte enfin sa mort»), a traversé l'adolescence entourée de d'amis de Lino qui partagaient les grandes tablées de l'acteur. «C'est vrai que j'ai eu de la chance de rencontrer des personnalités particulières. Là où les gens voyaient des noms, moi je voyais des prénoms, ils étaient comme n'importe quels copains. Je ne les appelais pas Brel, Brassens, Dabadie ou Audiard, mais bien Jacques, Georges, Jean-Loup ou Michel. Je suis encore en contact avec certains d'entre eux. Il y a principalement des metteurs en scène: Lautner, Pinoteau, Molinaro...» Si rencontrer autant de personnes intéressantes et déterminantes dans le milieu du cinéma des années 60 a été une véritable aubaine, le fait d'être le fils de... ou la fille de... n'est pas vraiment une chance: «Oh non c'est très lourd à porter! On nous en veut... Enfin c'est le sentiment que j'ai. On attend trop de nous. On doit prouver des choses...» Lino, tout simplement Clelia Ventura. Ed. Robert Laffont Propos recueillis par Lilia Guetat © La Dernière Heure 2003 | |
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