Témoignage de José Giovanni à travers l'hommage d'Alain Choquart
Un matin, José Giovanni, que je n’avais pas encore rencontré, me téléphone. Il commence la préparation d’un film adapté d’une partie de son dernier livre : Il avait dans le cœur des jardins introuvables. Rendez-vous est pris pour le petit-déjeuner du lendemain, sur les Champs-Elysées.
Je suis matinal et j’arrive très en avance. José et Zazie sont déjà installés en terrasse. J’ai même le sentiment qu’ils sont là depuis au moins une heure.
J’ai lu son livre la veille. José m’explique en quoi consistera l’adaptation. Comme j’ai travaillé il y a quelques années sur un film avec Lino Ventura et qu’il m’avait impressionné et séduit, je questionne José. Il prend du temps à me répondre, mais me regarde droit dans les yeux ; sa bouche se tord un peu dans la réflexion et il lâche doucement :
« Lino... C’était un homme. »
Je reste silencieux. Je m’attends à plus... Non. José avait trouvé la formule qui correspondait à son ami, avec pudeur et fidélité. Une phrase d’alpiniste plus que d’aventurier.
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