Ce soir, France 2 rediffuse «Les Tontons flingueurs», un film dont le succès phénoménal s'est étendu depuis 1963 sur plusieurs générations de fans, qui ont classé ce film au rayon des ouvres cultes du cinéma. Miné par les dialogues explosifs de Michel Audiard et les mimiques de sa brochette de truands de cinéma, le film n'aurait pourtant pas existé sans son réalisateur Georges Lautner. Ce dernier, qui a publié ses mémoires dans «On aura tout vu» chez Flammarion, avoue ne pas encore comprendre les raisons de ce succès.
TV Magazine : Comment expliquez-vous l'engouement pour ce film?
Georges Lautner : Je ne me l'explique pas. J'étais heureux car c'était mon premier film pour la Gaumont, qui avait la réputation de produire des films coûteux, et ma première collaboration avec Audiard. Le tournage s'est passé très vite, à bon marché, car j'avais peur de l'échec. Seulement mon équipe et moi y avons mis notre passion, tout ce que l'on avait dans le cour, pour survivre. C'était une compétition, pas la recherche du chef-d'ouvre.
TV Magazine : Vous parliez de survie?
Georges Lautner : Oui, car je travaillais pour manger. Pas pour la gloire. Pour compenser un éventuel échec des «Tontons», j'ai réalisé dans la foulée «Des pissenlits par la racine», qui a coûté encore moins cher, malgré la présence au générique de Francis Blanche, Michel Serrault, Louis de Funès et Mireille Darc.
TV Magazine : Vous ne vous êtes donc pas seulement amusé pendant «Les Tontons»?
Georges Lautner : Oh non. Rien n'a été laissé au hasard. Beaucoup ont cru que la scène de la cuisine, où sont réunis Lino Ventura, Francis Blanche et Bernard Blier était de l'improvisation. Erreur! Tout avait été soigneusement répété.
TV Magazine : Et Lino Ventura?
Georges Lautner : Il était heureux de faire rire, même s'il pensait ne pas être un acteur comique. Il fallait être diplomate et le mettre en confiance. Et également le suivre quand il n'était pas d'accord avec les indications de scène que je lui donnais.
Gilles Boussaingault
Source