Le magazine Empreintes consacre un numéro à Georges Lautner, cinéaste vedette des productions Gaumont pendant près de 40 ans, qui réalisa des œuvres marquantes - Le Septième Juré, Sur la route de Salina, Mort d'un pourri... - ou carrément cultes comme Les Tontons flingueurs. Confessions...
Georges Lautner, vous avez mené une vie très agréable grâce au cinéma !
C'est vrai. Mais, quand je dirigeais un film, c'était pour qu'il soit rentable et je devais respecter un devis. Si j'avais réalisé des longs métrages de luxe, j'aurais peut-être récolté une gloire personnelle, mais ça n'aurait pas rapporté grand-chose au distributeur et à l'équipe. J'essayais de ne pas faire de merdes. J'en ai quand même réalisé, mais je me suis bien marré. D'ailleurs, chez Gaumont, on était surnommés « les petits cons » !
Vous formiez une vraie famille avec votre équipe, refusant d'aller travailler à Hollywood pour rester avec elle. Et certains de vos techniciens, après un film, préféraient être au chômage pour s'assurer d'être libres sur votre film suivant...
Oui, mais, contrairement à ce qu'on pourrait croire, pour nous, le cinéma était un énorme boulot. J'étais debout tous les matins à 5 heures pour préparer les tournages. Puis, avec mon équipe, nous déjeunions à 11 heures et nous tournions de midi jusqu'à 19 h 30. Enfin on entrait en projection à 20 heures.
N'a-t-il jamais été question d'une suite à certains de vos gros succès, Les Tontons flingueurs ou Flic ou voyou ?
Non. On ne m'a jamais rien proposé. Pour les 50 ans des Tontons flingueurs, cette année, Gaumont souhaiterait monter une pièce qui serait jouée un soir. On m'a donné un script à lire, mais, pour l'instant, je ne sais pas si les choses vont aboutir.
Vous vous êtes brouillé avec Lino Ventura...
Oui, c'était après Ne nous fâchons pas ! Le comique reposait sur Jean Lefebvre. Et, à chaque fois que Lino le voyait prendre une gifle qui donnait lieu à des gags, il était furieux. Il disait qu'il ne voulait pas faire de film comique.
Êtes-vous toujours sollicité pour tourner ?
Non, on ne me demande plus rien. Maintenant, je suis un vieux con. Mais je crois quand même que, pour la vie heureuse que j'ai menée, c'est le petit Jésus qui a dû en être le producteur...
Propos recueillis par Gilles Boussaingault
À savoir
Quand le producteur Alain Poiré sut que Georges Lautner et Jean-Paul Belmondo avaient changé la fin du Professionnel, en faisant mourir le héros, il prévint que cela ferait perdre 250 000 entrées au film. « Pourtant, on a fait ce qu'on avait décidé et la scène finale a fait le succès du film [5 millions d'entrées] », explique Lautner.
Source: Lefigaro.fr